Démarreur d'histoire provenant de https://www.aproposdecriture.com/20-demarreurs-dhistoire-pour-ecrire-tout-lete. 1. La plage baignée de soleil était animée de rires et du bruit des vagues déferlantes jusqu’à… Voici une première histoire avec quelques clins d'oeil. Commentez et partagez si vous avez aimé!
Chaque année, c'est la même chose. Après le printemps, lorsque les premières chaleurs arrivent, les touristes envahissent ma ville natale. La plage baignée de soleil est animée de rires et du bruit des vagues déferlantes jusqu’à la fin de l'été. Aucun moyen d'y éviter.
Comme tous ces visiteurs, je rêve d'échapper à ma vie quotidienne, d'aller quelque part où personne ne me connait et profiter du soleil. Malheureusement, mes étés sont réservés à la cantine locale où je sers des fruits de mer à ceux qui ne font que passer, des éphémères bruyants que je m'efforce d'ignorer autant que possible.
Dans mes temps libres, je m'isole dans ma chambre pour m'enfermer dans des mondes fictifs. Mon véhicule de prédilection, la littérature. Je dévore les livres m'offrant cette échappatoire à ma réalité tant désirée, plongeant dans des univers de haute fantaisie, fantastiques ou de science-fiction. Ce qui s'éloigne le plus de ce que je connais m'attire comme un papillon à une flamme. Rien ne me permet de m'imaginer ailleurs plus qu'un univers bien construit et une histoire captivante.
Le dernier roman qui a piqué mon intérêt est une histoire de science-fiction. Le protagoniste navigue un monde dans lequel la technologie a envahi le corps humain au point où celui-ci est plus machine qu'organique.
Un coup discret à ma porte interrompt ma lecture.
- Tu devrais sortir, mon chaton. Un peu de soleil te ferait du bien.
Ma mère, en uniforme, prête à quitter pour l'hôpital. Elle travaille souvent de soir, ce qui me laisse souvent à mes moyens puisque mon père n'est plus dans le décor depuis des années.
- Mmm... demain, je marmonne.
J'ai des plans avec mes amis qui travaillent tout comme moi durant l'été, mais ce soir, ce n'est que moi et mon roman.
- Ok, si tu as le temps, tu veux bien passer à travers la boîte de livres dans le salon? Dis-moi ceux que tu veux garder, les autres je les apporterai à l'hôpital.
Je hoche la tête distraitement, tentant de ne pas perdre ma ligne. Je la sens approcher et poser un baiser sur le haut de ma tête.
- Amuse-toi bien. À demain.
Mon repas du soir consiste de pâtes que je mange tranquillement devant la télévision. La boîte de livres est ouverte sur la table basse et je passe en revue les titres que ma mère m'a ramenés. Mon attention étant sur la compétition de cuisine à l'écran, je ne remarque pas immédiatement que je dépose un journal avec une couverture en cuir dans la pile à garder.
Ce n'est pas avant quelques jours, entre le travail et les amis, que j'ai à nouveau du temps à moi. Mon roman de science-fiction terminé, je me tourne vers les bouquins que j'avais mis de côté l'autre soir. Mon regard est aussitôt attiré vers la couverture de cuir dont je ne me souviens pas. Je retire le livre de la pile et l'inspecte aussitôt, ma curiosité piquée. Sur le dessus, gravé dans le cuir, un nom. Caledora. Ce mot ne me dit rien, et, parcourant rapidement le reste du journal, les pages blanches n'ont rien de plus à révéler.
Avec déception, je jette le cahier de côté. Je ne sais pas ce que j'espérais, les écrits perdus d'un pirate avec une carte vers un trésor perdu? Les secrets d'un coeur brisé, ou le mystère d'un crime jamais résolu? Ou encore, le journal d'un être maléfique dont l'âme est prisonnière de ces pages?
Ma vie simple et ordinaire n'a aucune raison d'attirer quelque chose d'aussi dramatique. J'ouvre un autre bouquin au hasard et je tente de me plonger dans son monde. Toutefois, je continue de penser au cahier vide et au nom sur sa couverture: Caledora. Ce mot résonne dans ma tête et des images me viennent à l'esprit une après l'autre. Une forêt en train de mourir. Une montagne enneigée. Un océan cachant une cité dans ses profondeurs. Une plaine où une troupe de centaures galopent. Un château sur une colline entouré d'une ville fortifiée.
Je n'ai jamais vraiment pensé à écrire, mais ces images sont tellement vives que je n'ai qu'une envie: les mettre sur papier afin de ne pas les oublier. Je peux pratiquement sentir l'air marin, l'herbe fraîche sous mes pieds, le froid sur ma peau. J'entends le vent dans les feuilles mortes, les sabots frapper la terre dans un rythme chaotique, les cris des marchands dans un marché. Caledora, un univers nouveau qui m'attend.
Je reprends le journal abandonné sur le sol et je l'ouvre à la première page. Crayon à la main, je m'apprête à décrire les images qui me viennent instantanément lorsque quelque chose d'étrange semble arriver. Les pages blanches commencent à se remplir de couleur, peignant les scènes que j'avais imaginées. C'est comme si le journal pouvait lire mes pensées. Plus je regarde attentivement les images, plus de détails semblent apparaître. Comme la bannière bleue et argent flottant dans le vent au-dessus du château, des soldats sur le mur dans leur armure luisant sous le soleil, des oiseaux dans le ciel. Les images prennent vie sous mes yeux.
Je referme brusquement la couverture. Je me frotte les yeux et secoue de la tête. C'est de la folie, j'ai imaginé tout ça, c'est la seule explication logique. Jetant un regard méfiant vers le journal, je n'ose pas l'ouvrir à nouveau. Je décide de l'ignorer pour le moment et de mettre l'incident sous le compte de mon imagination beaucoup trop fertile.
Le lendemain, pendant mon quart de travail à la cantine, c'est tranquille. Une journée de pluie rare durant l'été garde les touristes à l'intérieur et peu s'aventurent sur la promenade, même pour une bouchée. Je m'accote au bar, le regard fixé sur la mer grise. Mes pensées vont malgré moi vers le journal en cuir et Caledora, ce monde fictif qui semble m'appeler constamment. La plage avec son sable blanc semble disparaître devant moi pour être remplacée par la plaine, avec la montagne enneigée au loin au nord. Si je ferme les yeux, je peux presque sentir la brise fraîche allégeant la chaleur du soleil tapant.
Je reviens à moi lorsque mon patron me tape amicalement sur l'épaule.
- Allez, rentre, il n'y a personne et je ne pense pas que ça va s'améliorer. Aussi bien fermer pour le reste de la journée.
- Merci, bonne fin de journée, je réponds avant de retrouver mon sac et de quitter.
Bien que ce soit rare, ce n'est pas la première fois que la cantine ferme plus tôt que prévu. Normalement, perdre quelques heures de travail m'embêterait, mais l'idée de retrouver le journal et de l'examiner est beaucoup plus attirante que de rester à rêvasser aux abords d'une plage désertique. Les images de Caledora me hantent et je veux des réponses à mes questions.
Dès que je rentre chez moi, je file à ma chambre et je retrouve le cahier sur le sol. Je le prends, fébrille. Avec délicatesse, j'ouvre le journal à la première page. D'abord blanche, celle-ci commence à se remplir. D'abord les contours, puis les détails et la couleur. Chaque page me montre un nouveau paysage à présent familier.
Entre les cris des oiseaux, le bruit des vagues, le vent dans les feuilles et la ville qui s'agite, j'entends un murmure. Des mots distincts. Aide-moi. Je cherche les pages frénétiquement, mais je ne vois personne qui semble avoir besoin d'aide. Aucune scène ne sonne d'alarme, même dans les villes. Pourtant, la voix répète son appel.
Je continue de parcourir le journal jusqu'à ce que je m'arrête à une image de la montagne enneigée. Jusqu'ici, elle semblait immaculée, intouchable. À présent, je sens sa froideur, intimidante, imposante. De son coeur, j'entends l'écho plus fort. Aide-moi. Je me penche en avant, cherchant à percer de mon regard les parois de pierre couvertes de glace. J'ai un mauvais pressentiment, mais je ne peux m'arracher du journal.
Soudain, le froid s'intensifie et la brise semble plus forte. Autour de moi, tout s'embrouille alors que l'image s'éclaircie. Je sens un courant d'air puissant me pousser à l'avant et je bascule. Ma chambre a disparu, je tombe dans un ciel bleu. Sous moi, le sol se rapproche à une vitesse effrayante. Je crie, mais ma voix se perd dans le vent. Quelques pieds avant de m'écraser, ma chute s'arrête et je me sens descendre avec douceur, telle une plume.
Le coeur encore battant, je m'inspecte rapidement. Rien de blessé, heureusement. Je regarde dans mes alentours pour ne retrouver que la plaine s'étendant à l'infini devant moi. Derrière moi, la montagne dans toute sa splendeur. Je suis dans l'image du journal, dans Caledora. Le cahier lui-même n'est plus dans mes mains, et après vérification, il n'est pas ici avec moi. Un mélange de crainte et d'allégresse m'envahit à l'idée d'être dans un nouveau monde, sans savoir comment je vais rentrer chez moi.
Aide-moi.
Le murmure semble m'envelopper, provenant de partout et nulle part à la fois. D'intuition, je me tourne vers la montagne. Quelqu'un, ou quelque chose, en son centre m'appelle.
Aide-moi.
C'est avec terreur que je reconnais ma propre voix.
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